Famille maternelle de Jules verne

La famille maternelle de Jules Verne, dont on a célébré en 2015 le centième anniversaire de sa disparition, était issue d’une lignée de hobereaux poitevins. Sans leur fortune, l’histoire de la littérature aurait peut-être été changée.

Tous les biographes de Jules Verne, décédé voici un peu plus d’un siècle, le 24 mars 1905, vous le diront :l ‘auteur de :Vingt Mille Lieues Sous Les Mers était né dans une famille bourgeoise de Nantes, particulièrement aisée. Si le père de Jules Verne, avoué des tribunaux, assurait de bons revenus à sa famille, la véritable aisance venait plutôt de côté de la mère de l’écrivain, née Sophie Allotte de La Fuÿe. Sophie était issue d’une famille de riches négociants armateurs nantais, récemment arrivés du Poitou où ils avaient constitué l’essentiel de leur fortune au cours des siècles précédents.

Le premier armateur chez les aïeux de Jules Verne s’appelle Alexandre Allotte de La Fuÿe, né en 1726 à Martaizé (Vienne), l’arrière-grand-père du romancier est le fils d’un riche marchand de Loudun. En 1761, Alexandre épouse une héritière nantaise, Geneviève Cormier, fille de négociant, et vend le château familial de La Fuÿe, ce qui lui permet de s’installer comme armateur négociant sur le port de Nantes.

Nous sommes sous Louis XV et le très immoral mais très profitable commerce triangulaire (achat d’esclaves sur les côtes africaines, revente du « bois d’ébène » aux Antilles et retour à Nantes avec des produits exotiques) marche à fond.

Le château de La Fuÿe, acheté par Paul Allotte, père d’Alexandre, ne sera resté que dix ans propriété des proches ascendants de Jules Verne. Le terme de « Château familial » n’est cependant pas usurpé, puisque le manoir avait été construit au XVe siècle par N.Allott, chef de la garde écossaise de Louis XI, qui lui avait donné en fief les terres de La Fuÿe. Cet Allott, ayant ajouté un « e » bien français à son nom, est le plus ancien ancêtre français connu de Jules Verne.

Tout au long de son enfance et de son adolescence, Jules reste très proche de sa famille maternelle. Il naît d’ailleurs dans l’ile Feydeau, à Nantes, chez sa grand-mère, Marie-Sophie Allotte de La Fuÿe née Guillochet de la Peyrière et vit dans l’admiration de ses oncles navigateurs, officiers ou savants qui inspireront ses romans d’aventure. L’un d’eux, son grand-oncle Prudent Allotte de La Fuÿe, apparaît d’ailleurs sous les traits d’un personnage de « Robur le Conquérant »

Cet attachement aux Allotte ne semble cependant pas avoir poussé Jules Verne jusqu’à revenir sur les terres poitevines de la famille. Il n’hésite même pas à cosigner une « Géographie illustrée de la France et de ses colonies » dans laquelle le paragraphe consacré à Loudun, la ville de ses ancêtres, est truffé d’erreurs !

Aujourd’hui, la grandeur des Allotte, subsiste dans le bourg de Martaizé une maison bourgeoise, et, à quelques kilomètres de là le magnifique Château de La Fuÿe. Ayant servi d’étable et d’écurie durant des décennies, La Fuÿe a été rachetée et restaurée par M. et Mme Jacques Lallemand qui entretiennent pieusement la mémoire des Allotte.

Des Allotte dont la fortune aura permis à Jules Verne de négliger ses études de droit vers lesquelles l’avait poussé, bien malgré lui son juriste de père, pour se consacrer entièrement a ses passions : la science, les voyages et la littérature. Ce n’est pas rien.

Par Vincent Buche