La guerre de 1914 pour mon père

Il faut dire qu’il n’en parlait pas souvent, je crois même que c’est la seule « histoire » qu’il racontait plutôt pour faire rire que pleurer.

Il était en 1914 a Calgary au Canada et venait d’acheter un ranch… simplement parce qu’il était fou de photo et parcourait le monde a la recherche de « la »photo idéale… Il était devant une vente aux enchères en plein air et a fait signe a celui qui était sur le podium de lever un peu sa tête pour qu’il prenne la photo… et quelques minutes près on lui tape sur l’épaule en lui remettant une corde dans la main….il regarde au bout de la corde et il voit deux grands yeux mouillés avec des grands cils… une jolie vache… en fait il venait d’acheter aux enchères cet animal qu’il ramena a l’hôtel. Là on lui donna l’adresse du prochain ranch… il mit sa valise sur le dos de cette belle vache et au bout de quelques kilomètres il voit qu’elle commence à marcher plus vite… pour entrer dans un ranch. Il est reçu par un vibrant : « Haya here is our old whity… » En fait, c'était le ranch qui vendait tout y compris cet animal toute contente d’être revenue chez elle.

Mon père était un cavalier émérite (son frère Georges a été le commandant de l « École de Saumur »... Et comme le ranch comportait des chevaux et que leur spécialité était les « round up » c’est-à-dire aller chercher les chevaux sauvages pour les dompter pour les vendre… finalement il s’est associé avec le vendeur et pensait couler des jours heureux et fascinant… sans la guerre, j'étais une Canadienne…. Mais la guerre venant d’être déclarée… il signa en blanc ses parts en disant qu’il rentrerait au plus tard dans six mois...

Il venait d’avoir son diplôme de docteur donc il s’engagea et parti la fleur au fusil…. Quand il arriva dans cet enfer, il paraît qu’il fallait vite s’abriter dans un trou d’obus, car on disait qu’il y avait peu de chance qu’une bombe tombe deux fois au même endroit… effectivement la prochaine bombe tomba à côté et enterra ceux qui étaient dans ce trou…. La Croix Rouge passa par là et aligna tous les morts dans le sous-sol de l’hôpital… le lendemain Le Maréchal Pétain vint décorer ceux qui avaient donné leur vie pour la France et sans doute ne se préoccupait pas de l’épingle de la Légion d’Honneur qu’il enfonçait… heureusement l’infirmière qui l’accompagnait vit un des « mort » bougé sous la piqûre et le renvoya au premier étage avec les blessés. C’était mon père… Mais le plus drôle est à venir….il avait été décoré « a titre posthume » c’est-à-dire : « mort pour la patrie »… et comme il était vivant on ne le reconnaissait pas comme détenteur de la Légion d’honneur… Il a fallu qu’il attende la guerre de 39/40 pour finalement être décoré de cette récompense bien méritée.