Les taupes

Dans la série "discussion avec la Nature", j'ai tout de même une belle histoire qui se renouvelait chaque année. J'avais lu le récit de l'expérience de Findhorn. Cette communauté se réunissait pour prier et parler avec les "Dévas" de la Nature (les Dévas sont les protecteurs de chaque fleur, arbre ou légume.

Même les pierres ont leur Déva. À plus forte raison les animaux). Leur potager était miraculeux, les légumes étaient trois fois plus gros que partout ailleurs et provoquaient ainsi l'admiration du monde. Un matin, les membres de cette communauté se réveillèrent et constatèrent avec horreur que des taupes avaient ravagé leurs plants.

Sans se décourager, ils se mirent en prières pour parler au Déva des taupes. Le lendemain, ils vérifièrent avec soulagement qu'elles avaient compris. À partir de ce moment, les taupes allèrent tout autour de leur potager, mais ne touchèrent plus ni aux fleurs, ni aux légumes.

Ayant cinquante mètres carrés de gazon chèrement entretenu, je vois les taupes, les premières années, former leurs monti­cules dans tous les sens. Un voisin me conseille de mettre du verre pilé dans les trous car, étant hémophiles, elles meurent exsangues.

Je refuse catégoriquement cet horrible supplice.

Le grainetier me conseille des "fusées" pour enfumer leur territoire et, logiquement les faire partir. Mes taupes à moi adorent ces fusées ! Je les vois battre des mains : oh la belle bleue ! Et elles appellent les autres pour admirer …

Un autre conseil : détruire leurs taupinières avec le jet d'eau. Avantage certain, la terre retourne à l'intérieur et les trous des galeries se remplissent. Mes taupes à moi adorent l'eau, je les vois se frotter le visage, les dessous des bras. Chic, de l'eau fraîche, par cette chaleur, et elles appellent les autres …

Le dernier conseil en date coûte très cher : les ultrasons. Méthode résolument moderne. Les taupes ne pourront pas résis­ter à cette vibration et partiront … Mes taupes à moi adorent ce rythme ; je les vois qui se réunissent et organisent un « bœuf » avec les copines. Pourtant, elles ont toute la forêt en face !

Et si je leur parlais ?

Tôt, un matin, je me mets en méditation sur l'herbe fraîche. Je regarde le monticule le plus haut et le plus large (il paraît que c'est le nid). J'invoque très fort la "Déva" des taupes, lui deman­dant très poliment de ne pas abîmer mon gazon, si c'était pos­sible, au moins, de mai à octobre. Une longue conversation s'engage.

Tout à coup le monticule remue ; une tête sort et semble s'installer la main sous le menton, l'air très intéressé. Au bout d'un long moment la taupe disparaît. L’ai-je rêvé ? Ah peut-être ! Comment faire la différence entre mes visions, mes voix et la réalité ?

Une chose est certaine : à partir de ce moment, je n'ai plus eu de taupes de mai à octobre. Seul problème : il fallait recom­mencer chaque année, car elles ne se passent pas le mot ! Une année, ayant un peu tardé, j'ai eu un mal fou à reprendre contact. Grâce à un ami très spiritualisé appelé à la rescousse, la Déva est venue tout de suite.

Le lendemain tout était rentré dans l'ordre.

A la fin de notre méditation, en riant, nous avons décrit la même chose : elle nous écoutait avec intérêt, la tête posée sur une tuile rose.

Cela vous semble fou ? À moi aussi. Je n'explique pas, je constate. Je crois qu'il faut, avec notre don, avoir une tête dans le Cosmos, mais également bien sur les épaules et les pieds bien ancrés sur terre.