N.D.E. : 1950 (2)

La jeune femme est la prochaine expérience. Le même processus s'opère : je suis au dessus d'elle et je plonge... dans une jolie chambre verte et rose. Oh, la coquine ! Elle est dans les bras d'un beau jeune homme, ils s'aiment et visiblement ils sont très heureux ! Ne soyons pas trop indiscrète, tout de même ! Je m'échappe.

La troisième exploration montre un jeune homme tapant à la machine. Il est nerveux, tape avec un doigt, il jure... Je ne m'attarde pas. Et me voilà à nouveau collée au plafond. A mes pieds à droite, je me "pose" sur la tête de cet homme et m'apprête à entrer dans son appartement... Pas du tout ! Je me retrouve surprise dehors. Un beau gazon, une balancelle, et me voilà enfin assise dans un lieu très accueillant. Je regarde la maison, très américaine entourée d'une barrière blanche. À sa droite, en réduction, sa réplique exacte. Une grande niche à chien, ou une maison d'enfant ?

Je m'en balance ! En fait, je me balance, je me sens bien. J'ai très envie de rester et, en même temps, j'ai le sentiment qu'il faut que je m'en aille rapidement, comme si j'avais un rendez-vous quelque part. En fait, j'ai le ciel au-dessus de moi... Comme je suis toujours partie vers le haut, c'est peut-être le moment de m'en aller "au ciel". La curiosité m'emporte sur ses ailes. Je suis prête. Va-t-on me montrer ma vie à l'envers ? Vais-je voir mes actes mauvais et les bons mis en balance ? Je ne suis pas rassurée quant à l'équilibre du résultat. Et si c'était vrai l'enfer ? Et la salle d'attente du purgatoire ? Est-ce que j'ai acheté assez d'indulgences plénières lorsque je disais mon chapelet ? Il paraît que cela enlève des journées de purgatoire. Enfin ! Quand faut y aller, faut y aller et...

Je me retrouve encore en salle d'opération ! Ouf ! Ça n'est pas encore pour cette fois... Vite un plongeon chez quelqu'un d'autre... Mon chirurgien ? Non, je le garde pour la fin. Je me pose sur l'homme qui manie des tuyaux sur la tête de cette femme... Ah oui... mon corps, pas moi...

Je m'infiltre subrepticement dans cet homme : tout est sombre à l'exception d'une petite lumière rouge, une musique wagnérienne emplit mes oreilles.

J'ai de plus en plus le sentiment d'une "urgence", je ne m'attarde pas et envahis mon Dr Given, je me coule en lui... Allons bon ! Je ne joue pas Alice au pays des merveilles pourtant, je suis minuscule au fond d'une grande cathédrale imma­culée. Je regarde tout là-haut, je flotte vers la voûte ogivale. Je sais que, cette fois encore, je vais revenir près de mon corps. Lorsque je me retrouve accrochée à mon plafond, je me demande qui vais-je aller hanter ? Mon mari bien sûr ! Je serais curieuse de savoir ce qu'il pense.